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Fonds pour l'alimentation scolaire - Lettre au PM, VPM et ministre des Finances

Dernière mise à jour : 15 juil. 2020

21 mai 2020


Le très honorable Justin Trudeau, C.P., député, Premier ministre du Canada

L'honorable Chrystia Freeland, C.P., députée, Vice-première ministre et présidente du comité du Cabinet sur le COVID-19

L'honorable Bill Morneau, C.P., député, Ministre des Finances

Envoyé par courriel à : pm@pm.gc.ca, Chrystia.Freeland@parl.gc.ca, Bill.Morneau@canada.ca

Envoyé par la poste à : Chambre des communes, Ottawa, Ontario K1A 0A6


Cher Monsieur le Premier ministre Trudeau, Madame la Vice-première ministre Freeland et Monsieur le ministre Morneau,


Les 125 organisations membres de la Coalition pour une saine alimentation scolaire vous écrivent pour reconnaître et remercier votre gouvernement pour les efforts extraordinaires qu'il a déployés pour assurer la santé et le bien-être des Canadiens pendant la crise de la COVID-19 et pour les mesures de santé, de protection sociale et de relance économique qu'il a prises récemment. En ce moment sans précédent, nous avons la possibilité d'envisager et d'investir dans ce qui est important pour notre société, en particulier pour nos enfants et la prochaine génération. Alors que le Canada planifie une reprise, nous demandons fermement à votre gouvernement de faire progresser les priorités en matière de santé et de politique économique (1) en allouant 200 millions de dollars à la création d'un Fonds pour l’alimentation scolaire dédié à l'investissement dans les infrastructures et les projets pilotes nécessaires pour soutenir la santé et le bien-être des enfants, des familles et des communautés et pour stimuler l'économie canadienne pendant la reprise consécutive à la crise de la COVID-19. Cela s'ajoute aux 360 millions de dollars recommandés dans notre soumission pour les consultations prébudgétaire 2020 comme investissement initial pour la première année, en vue de la mise en place d'un Programme national d’alimentation scolaire universel et à coûts partagés.


Un tel fonds permettrait au ministre de l'Enfance, de la Famille et du Développement social de faire avancer votre engagement dans le cadre du budget 2019 de développer un Programme national d'alimentation scolaire, au ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire de réaliser son mandat de mettre en œuvre et de faire progresser la Politique alimentaire pour le Canada, et au ministre de la Santé d'avancer son mandat de promouvoir la Stratégie en matière de saine alimentation, y compris le Guide alimentaire canadien. Un Fonds pour l’alimentation scolaire soutiendrait les quelque 2 millions d'enfants qui participent déjà à des programmes alimentaires scolaires dans tout le pays, tout en permettant à ces programmes d'atteindre un plus grand nombre d'enfants au Canada.


La crise de la COVID-19 a révélé aux Canadiens que l'alimentation, et en particulier l'alimentation scolaire, est un bien public essentiel, au même titre que les soins de santé et l'éducation, de la maternelle à la 12e année. Tout le monde doit avoir accès à une bonne alimentation pour être en bonne santé, en particulier les enfants et les jeunes, et nous avons besoin de systèmes alimentaires solides et résilients pour assurer notre sécurité. En cette période sans précédent, les organisations communautaires d'un océan à l'autre s'associent aux écoles et aux gouvernements pour distribuer des repas, des cartes-cadeaux et des boîtes d'aliments sains aux enfants et aux jeunes qui n'ont plus accès à des repas et des collations dans le cadre des programmes d'alimentation scolaire. Découvrez ce que font les membres de la Coalition en lisant notre article de blogue intitulé « Mobiliser les communautés pour l’accès à une alimentation saine pendant la fermeture des écoles ».


Nous voulons maintenant encourager l'utilisation de la relance économique et du financement de la santé et de la protection sociale pour la reprise et le bien-être à long terme de notre pays, comme nous l'exposons dans notre article de blogue « COVID 19: Transition de la réponse immédiate vers un Programme national d'alimentation scolaire ».


Dans le budget 2019, votre gouvernement s'est engagé à mettre en place un Programme national d'alimentation scolaire pour le Canada (2). Nous vous demandons maintenant de concrétiser cet engagement afin de contribuer à renforcer la santé et le bien-être des élèves, de leurs familles et des communautés tout en stimulant l'économie canadienne et en soutenant la création d'emplois dans l'agriculture, la restauration, la construction et d'autres secteurs durement touchés. Les fonds de stimulation pourraient :


1. Créer un fonds spécial pour l'alimentation scolaire (voir le résumé des avantages ci-dessous) de 200 millions de dollars, qui pourrait être administré par les ministères provinciaux et territoriaux existants qui financent les programmes d'alimentation scolaire, ou par des partenariats avec des ONG communautaires dans le cadre d'un processus de demande transparent (3). Les demandeurs pourraient présenter une demande pour :

  1. Les infrastructures et les équipements tels que la modernisation des cuisines et des cafétérias, les serres et les jardins pour la culture des aliments, et l'achat d'appareils et d'outils, en mettant l'accent sur les achats auprès des détaillants et des fabricants canadiens (4).

  1. Le financement de l'expérimentation de projets pilotes de transformation, de distribution et de préparation des aliments pour les programmes d'alimentation scolaire (5).

  2. L'évaluation des meilleures pratiques émergentes et existantes pour les modèles de distribution d'aliments dans les écoles (6).

2. Soutenir votre engagement à travailler avec les provinces et territoires, les leaders autochtones et les organisations à but non lucratif en vue de la création d'un programme national d'alimentation scolaire, y compris les prochaines étapes du processus de consultation et de mise en œuvre.


Chacune de ces mesures toucherait toutes les régions du pays et créerait des emplois dans divers secteurs, notamment : l'agriculture, les services alimentaires, la fabrication et la distribution de denrées alimentaires, les industries écologiquement durables et la santé (1).


Nous vous recommandons également de consulter les nations et les dirigeants autochtones, y compris ceux faisant partie de notre Coalition, et de fournir des fonds supplémentaires aux nations et aux communautés autochtones pour faire progresser les initiatives d'alimentation scolaire dirigées par des autochtones.


La Coalition pour une saine alimentation scolaire s'est réjouie lorsque le budget fédéral de mars 2019 de votre gouvernement a reconnu l’« importance capitale à l’éducation des enfants qu’ils prennent des repas sains avant et pendant leur journée à l’école, » et a annoncé « son intention de collaborer avec les provinces et les territoires en vue de créer un Programme national d'alimentation dans les écoles (2) ».


Nous vous demandons avec instance de continuer à faire avancer votre engagement. Une possibilité immédiate serait de créer un Fonds pour l’alimentation scolaire qui soutiendrait la santé et le bien-être des enfants, des familles et des communautés, stimulerait l'économie canadienne et jetterait les bases de la création d'un Programme national d'alimentation scolaire universel à frais partagés, en tant que service essentiel pour tous les enfants canadiens.


Nous nous réjouissons de pouvoir discuter de cette proposition dès que possible avec vous ou votre personnel. Vous pouvez me contacter à l'adresse schoolfood@foodsecurecanada.org ou au 416-537-6856.


Monsieur le Premier ministre,

Madame la Vice-première ministre,

Monsieur le ministre,


Je vous prie d’agréer à l’expression de ma très haute considération,



Debbie Field

Coordonnatrice, Coalition pour une saine alimentation scolaire


c.c L'honorable Marie-Claude Bibeau, ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire

L'honorable Patty Hajdu, ministre de la Santé

L'honorable Ahmed Hussen, ministre de la Famille, de l'Enfance et du Développement social

L'honorable Jean-Yves Duclos, président du Conseil du Trésor

L'honorable Maryam Monsef, ministre de la Femme, de l'Égalité des sexes et du Développement économique rural

L'honorable Marc Miller, ministre des Services aux Autochtones


Détails supplémentaires : Les avantages d'un Fonds pour l’alimentation scolaire :

(1) Création d'emplois : Des recherches préliminaires montrent qu'un Programme national d'alimentation scolaire a le potentiel de créer des emplois pour les travailleurs des services alimentaires, les agriculteurs canadiens et les producteurs alimentaires locaux, en créant des multiplicateurs économiques et en soutenant des systèmes alimentaires régionaux plus solides. (Référence : Ruetz &. Fraser. 2019. National School Food Program: a short-term opportunity for job creation and economic growth. Centre sur les politiques scientifiques canadiennes). Investir dans un Fonds pour l’alimentation scolaire permettrait de soutenir les économies locales, d'employer des milliers de professionnels de la restauration et de la nutrition et de remettre ce secteur durement touché sur le marché du travail. Le rapport de l'Arrell Food Institute de l'Université de Guelph sur l'alimentation et la nutrition dans les écoles au Canada recommande que le développement d'un Programme national d'alimentation scolaire comprenne l'embauche d'experts en nutrition formés et de personnel de préparation des aliments certifié pour la prestation des programmes. (Voir : Haines & Ruetz. 2020. Comprehensive, Integrated Food and Nutrition Programs in Canadian Schools: A Healthy and Sustainable Approach).


Soutenir l'agriculture du pays : Lorsque des objectifs d'achat de produits alimentaires locaux sont fixés et que des aliments locaux sont servis dans le cadre de programmes d'alimentation scolaire, le multiplicateur local de l'augmentation des achats de produits alimentaires locaux aura une incidence sur la production alimentaire régionale, les revenus des ménages et des entreprises, le produit intérieur brut à long terme et les emplois à temps partiel. À titre d'exemple, le programme d'approvisionnement central de VON a acheté près de 40 % de produits ontariens en 2019. Une stratégie d'achat au Canada, nommée dans la Politique alimentaire pour le Canada, contribuerait à créer un marché pour les producteurs et les fabricants de produits alimentaires canadiens en période de récession économique tout en soutenant les familles. Un tel programme pourrait contribuer à l'objectif global d'atteindre l'objectif du Canada de 30 milliards de dollars supplémentaires de ventes agroalimentaires intérieures d'ici 2025, tel que fixé par la Table économique de l'agroalimentaire canadien (voir : Rapport des Tables de stratégies économiques du Canada : Secteur Agroalimentaire. 2017.) et soutenir votre objectif d'accroître la confiance du public dans les aliments cultivés et produits au Canada. Tous ces éléments appuieraient les objectifs de votre gouvernement en matière de la Politique alimentaire pour le Canada.


La santé : Les programmes d'alimentation scolaire augmentent la consommation d'aliments sains, réduisent le risque de maladies chroniques et améliorent la santé mentale. Des recherches canadiennes ont montré que « les programmes de nutrition en milieu scolaire [...] influencent positivement les connaissances des enfants en matière de nutrition, leurs comportements alimentaires et leur consommation de nourriture » (traduction libre). (Référence : Colley, Myer, Seabrook, & Gilliland. The Impact of Canadian School Food Programs on Children’s Nutrition and Health: A Systematic Review 2018.) Les programmes d'alimentation scolaire améliorent également les résultats scolaires et augmentent le taux d'obtention de diplômes en réduisant la faim dans les salles de classe, un obstacle connu à la concentration et à l'apprentissage. Nous découvrons également le lien étroit entre une mauvaise alimentation et une réaction sévère à la COVID-19 : c'est un moment crucial pour aider nos jeunes à accéder à une alimentation saine et à acquérir des compétences dans ce domaine.


Familles et égalité des sexes : Un programme national d'alimentation scolaire aurait un impact positif sur les familles, en particulier sur les femmes qui consacrent beaucoup de temps à la préparation de la nourriture pour apporter à l'école. Un programme universel d'alimentation scolaire offrirait un accès équitable et digne à une alimentation saine pour les enfants et apporterait un certain soutien aux familles à faible revenu (bien qu'il ne remplacerait pas le soutien au revenu nécessaire pour le nombre inacceptable de Canadiens vivant dans la pauvreté).


(2) Votre budget fédéral de mars 2019 a reconnu l’« importance capitale à l’éducation des enfants qu’ils prennent des repas sains avant et pendant leur journée à l’école », et a annoncé « son intention de collaborer avec les provinces et les territoires en vue de créer un Programme national d'alimentation dans les écoles » (Budget 2019, figure 4.3, Politique alimentaire pour le Canada).


(3) Nous suggérons que le Fonds pour l’alimentation scolaire comprenne un processus de demande transparent où les demandeurs font preuve d'une approche multipartite avec des partenariats communautaires solides. Cela indiquerait qu'un besoin important a été identifié pour chaque projet et encouragerait des approches innovantes face à des défis complexes. Les projets devraient comporter des éléments d'évaluation et de communication solides afin que les meilleures pratiques puissent être apprises et intégrées aux efforts visant à développer un Programme national d'alimentation scolaire universel à coûts partagés.


(4) Un investissement dans les infrastructures et les équipements tels que la modernisation des cuisines et des cafétérias, les serres et les jardins pour la culture des aliments, et l'achat d'appareils et d'outils permettrait aux écoles et aux sites communautaires qui soutiennent les programmes d'alimentation scolaire d'améliorer leur capacité à préparer, servir, cultiver et conserver des aliments sains. Certaines de ces améliorations structurelles pourraient être réalisées de manière sûre selon les normes de sécurité relatives à la COVID-19 pendant les mois d'été, ainsi que soutenir les investissements dans les appareils et les outils fabriqués au Canada et créer des emplois dans les secteurs de la construction et du commerce, ce qui contribuerait à maintenir et à créer des emplois pendant la période de reprise.


(5) En ce qui concerne les projets pilotes de transformation, de distribution et de préparation des aliments pour les programmes d'alimentation scolaire, pendant la COVID-19, de nombreux cuisiniers, chefs formés et autres travailleurs des services alimentaires se sont retrouvés sans travail et les agriculteurs ont vu leur chaîne d'approvisionnement interrompue. Cette situation va probablement se poursuivre dans un avenir prévisible. Les écoles et les organisations peuvent être soutenues pour établir et développer des relations avec ces travailleurs des services alimentaires afin d'initier de nouveaux modèles de livraison de repas et de nourriture ainsi qu'avec des petites et moyennes exploitations agricoles pour s'approvisionner en aliments locaux nutritifs lorsque cela est possible, offrant ainsi de nouvelles opportunités de marché pour les agriculteurs et les producteurs locaux. Les projets pilotes pourraient également inclure la mise en place et le renforcement de cuisines communautaires, d'installations de transformation, de centres de distribution alimentaire, d'accords d'approvisionnement alimentaire collectif et d'autres mesures innovantes. Ces projets pilotes permettraient de renforcer les programmes lors de la réouverture des écoles et au moment où le Canada s'apprête à mettre en place un Programme national d'alimentation scolaire couronné de succès.


(6) Évaluation des meilleures pratiques émergentes et existantes pour les modèles de distribution d'aliments en milieu scolaire, soutenue par le groupe de travail sur l'alimentation scolaire de l'Association canadienne des études sur l'alimentation, des universitaires de tout le pays qui ont élaboré une enquête ainsi qu'une proposition visant à mener des recherches et à fournir des recommandations sur les modèles afin d'éclairer la planification future.

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